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Japon: l'économie se contracte au 3e trimestre, le gouvernement prépare son plan de relance
information fournie par Boursorama avec AFP 17/11/2025 à 08:02

( AFP / RICHARD A. BROOKS )

( AFP / RICHARD A. BROOKS )

Le Japon a vu son économie se contracter au troisième trimestre 2025, minée notamment par l'affaiblissement de ses exportations face aux droits de douane américains --de quoi inciter la Première ministre Sanae Takaichi à muscler le colossal plan de relance de l'activité qu'elle prépare.

D'après une première estimation officielle publiée lundi par le gouvernement, le produit intérieur brut (PIB) de la quatrième économie mondiale a reculé de 0,4% sur la période juillet-septembre par rapport au trimestre précédent. C'est sa première contraction depuis un an et demi.

Les analystes sondés par l'agence Bloomberg anticipaient un repli plus marqué encore (-0,6%).

Cette morosité ne fait que renforcer la probabilité d'un colossal plan de soutien à l'activité, évoqué dès son arrivée au pouvoir le mois dernier par Sanae Takaichi,première femme à occuper le poste de Premier ministre au Japon.

La ministre des Finances, Satsuki Katayama, a déclaré dimanche que le montant du plan serait "nettement supérieur" à 17.000 milliards de yens (95 milliards d'euros), selon les médias locaux. Le gouvernement devrait approuver le plan vendredi, d'après ces mêmes sources.

Le PIB japonais avait gonflé de 0,6% au deuxième trimestre (croissance révisée en hausse ce lundi), après un premier trimestre plus ou moins atone (+0,2%), à la suite d'une quasi-stagnation sur l'année 2024.

Selon les chiffres gouvernementaux, l'économie nippone a notamment été minée ces derniers mois par un affaiblissement des investissements privés dans l'immobilier.

"C'est l'un des principaux facteurs de cette contraction: la chute de 9,4% des investissements résidentiels par rapport au trimestre précédent, reflétant l'impact des modifications du code du bâtiment introduites en avril, qui ont divisé par deux les mises en chantier", commente Marcel Thieliant, analyste de Capital Economics.

Par ailleurs, l'économie japonaise, très dépendante des exportations, reste plombée par l'offensive douanière engagée par Washington, et ce en dépit de l'accord commercial conclu durant l'été entre les deux puissances — qui fixait à 15% les droits américains sur les produits japonais, en deçà des 25% dont ils étaient menacés.

Au total, tous pays confondus, les exportations du Japon ont ainsi reculé de 0,1% en août sur un an, leur quatrième mois de recul consécutif. Elles se sont redressées en septembre, grâce aux semi-conducteurs, mais les exportations nippones vers les Etats-Unis ont continué de plonger (-13,3% sur un an).

- Tensions avec la Chine-

Certes, pour Ryutaro Kono, économiste de BNP Paribas, il n'y a pas lieu de considérer cette contraction économique du troisième trimestre comme "particulièrement préoccupante".

"Les exportations ont rebondi en septembre par rapport au mois précédent, et nos enquêtes (...) indiquent que la conjoncture générale du secteur exportateur ne s'est pas détériorée malgré les hausses des droits de douane américains, et la volonté des entreprises d'investir reste solide", explique-t-il.

Pour autant, les tensions actuelles avec la Chine, suite aux propos de Mme Takaichi sur Taïwan, risquent de dégénérer en un conflit commercial ouvert, avertit Marcel Thieliant.

"Plusieurs scénarios sont possibles, mais le principal risque réside dans une restriction des exportations de terres rares par la Chine ou dans l'imposition de restrictions sur les exportations japonaises", a-t-il averti, avant la publication du PIB.

"Les constructeurs automobiles semblent particulièrement vulnérables, car ils subissent déjà une pression énorme du fait de la montée en puissance des constructeurs chinois de véhicules électriques", sur fond de guerre de prix dans le secteur en Chine continentale, ajoute-t-il.

D'ores et déjà, les actions des groupes japonais liés au tourisme et à la distribution plongeaient lundi à la Bourse de Tokyo, après que Pékin a déconseillé à ses ressortissants de voyager au Japon.

-Inflation tenace-

Enfin, même si elle résiste, la consommation privée demeure quasi-stagnante sur fond de pressions inflationnistes tenaces. L'inflation au Japon a encore accéléré en septembre (+2,9% sur un an) après s'être modérée les mois précédents, tirée par les prix du riz et de l'énergie.

"Le repli du PIB réduit encore les chances d'une hausse des taux de la Banque du Japon (BoJ) en décembre, mais nous pensons néanmoins que l'institution reprendra son cycle de resserrement monétaire lors de sa réunion de janvier", estime M. Thieliant.

Pour contrer le retour de l'inflation, la BoJ avait entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante, mais elle a suspendu cette dynamique après janvier dernier face à l'assombrissement de l'horizon économique.

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